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  • : Journal de bord, terra incognita, cabinet de curiosités... empilement hétéroclite, on verra par la suite
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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 01:00


Pris le temps de me lever, ranger le bazar dans le sac à dos, linge sale, bouffe, lessive de la veille, presque sèche. Petit dèj très complet, seul dans la salle de resto de l'hôtel. Dehors, épaisse nappe de brouillard, encore plus dense que la panna cotta du p'tit dèj. File plein sud, vers la piste du chateau d'eau.



Croise un groupe de gamins, reconnu l'animateur, Fabrice, le guide "Patagonie" de l'avant veille au bar du CAF. Bribes d'explications sur le sous sol rocheux et la géologie, happées en coup de vent. Sur la route du col de Torte, la rosée recouvre déjà le pantalon et la veste de KWAY prudemment enfilés, dès le départ.



A peine le temps de surplomber un troupeau laineux et de distinguer le village en contrebas, fantomatique, le GR m'emporte.

Pas de bruits, l'atmosphère semble comme étouffée, enfiler les lacets en montant. Prendre la bifurcation dans la plantation ONF. Pas âme qui vive.


Eviter le piège des épeires, moelleux et irisé par la bruine, séduisant et futile. D'un coup de baton, déchirer le voile ? Non, laisser la vision m'imprimer la rétine. Juste ça, et penser comme le mystique d'Assise, à "Soeur Araignée", qui inonde le paysage de la beauté tissée, d'un linceuil délicat...


Pressentir la trace fumeuse d'un troll imaginaire dans les amas d'un chaos granitique, parsemé de sorbiers et gravir les échelles du temps...


Laisser l'imagination divaguer, jusqu'au point culminant de la journée, le col de Tortes, s'enrhumer les neurones avec cette couverture brumeuse, iridescente. Là, Pause salade de thon, sous le panneau affamé, des ruisselets boueux dégorgent de la cabane de captage, pas vraiment un déluge, mais une belle pateaugoire pour rincer les godasses.


Allez, c'est reparti, toujours dans le brouillard, mais la dose de sucres lents (toujours les patauthon) fait son effet tranquillement. La glycémie remonte, et le moral avec.


Plus bas, un troupeau, encore, comme surgi de nulle part. Il n'y a pas toute la scène sur ces clichés. Alors que je shoote la gent moutonnière, une forme plus imposante émerge du troupeau...
Putain ! Un patou gigantesque traverse la nuée de bestioles bélantes et s'avance en grognant, canines en dehors. Puissante montée d'adrénaline, plus je lui parle, plus il grogne, reculade. Il suit. Palabres pour le rassurer, Aboiements en échos. Mène par large, contournement stratégique, à pas lents, accélération, franchissement de ruisseau et déviation, perte du GR. Merde, merde remerde. Perdu la trace, en empruntant un talwegh à l'Est. Puis retour à la boussole. Plein Ouest.


Retour sur le GR, la route du Soulor surgit de la brume. Et avec elle, une flopée de fraises des bois, à point. Pouf pouf pouf, divins fruits sucrés et gouteux après les émotions récentes. Et bim ! redescente vers le cirque du Litor. Le groupe d'allemands croisés m'ont prévenu, "il y a un sanglier... un peu macho !"



La trace du GR se perd dans les prés, le balisage dans ce brouillard ? Pas la peine de compter dessus... Plus loin, ouf, enfin retrouver la sente dans de la rocaille, clean, bien piétinée, rassurante.


Et voilà, aux abords d'un troupeau, le voilà le "sanglier macho"... Mais c'est un marcasseau prépubère ? ! ?

Il a tout de même le sens du territoire, il me suit du regard, pendant que je contourne le troupeau de moutons. Bon sang, c'est clair, il les quitte pas les ovins ! Il les garde, je rêve, il les GAAAAARRRDE.

Au train où ça va, le prochain troupeau, sera surveillé par un ours !

Et là, j'échaffaude et je décrypte le complot, je recompose le scénario : le berger de ce troupeau, chasseur à ses heures perdues, a recueilli le jeune marcassin dont il a flingué la mère, l'a fait allaiter par les brebis et l'a élévé dans le troupeau, créant ainsi un indéffectible lien de parenté. Domestication empirique et fonctionnelle : le bougre, maintenant, il défend sa famille moutonnesque !


Sur ces considérations métaphysiques, je reperds le GR, j'essaye de tracer, à travers des espèces de tourbières et de nardaies gorgées d'eau, des champs de fougères aigle envahissantes. Toujours pas la moindre balise... Tentative d' azimuth brutal dans la pente en face. Toujours rien. Un point d'orientation, boussole - carte, découvre que me suis planté, parti trop au Nord, et par un subtil recadrage magnétique, dont mon compère chamineux et transmassif serait fier, je recolle au cap, Est Sud Est. Et paf ! le panneau salvateur !


Plus loin, toujours le GR qui emprunte la route du Soulor (et du mythique Col d'Aubisque), génial, le sommet de l'accueil, au mois d'août... Mais, suis mauvaise langue, il y a plus de 20 ans, passé 6 mois fabuleux dans une vallée voisine...

D'ailleurs, ça ne décourage pas les forçats de la bicyclette, ils causent tous en hollandais... Ca doit leur changer des polders, hein ? Alors, on a pris assez de réserve de gouda ? Mhuuummm, un vieux gouda à la mimolette, je rêve d'un casse croute fromâââger, d'un seul coup (la bouffe, toujours la bouffe)


Après la traversée de la route, le balisage est carrément aux petits oignons, merci qui ? Apparemment, on a changé de département...

Juste le temps d'avaler le col de Saucède, une photo dédicace à ce compagnon de 20 ans d'âge (enfin, 1989, ce sera pour l'an prochain, la médaille du mérite en portage rando...).


Des vaches par ci, des vaches par là, dans la descente. Ca ne m'amuse plus, plus de montée, juste la pluie qui ruisselle sur les flancs du chapeau baroudeur, un peu marre de floppiflopper dans les godasses. D'ici, je peux sentir le dessous des orteils tout frippés par l'humidité. Je les tortille pour les réchauffer, sur les semelles imbibées. La baaaarbe !



Et voilà, après 4 h 45 de marche, les prairies de fauche du fond de vallée et les batiments d'un centre de soins, à Arrens...

Le ciel est toujours aussi bas, mais la pluie a cessé.

Arrens est un gros bourg, avenant et épicurien. De dizaines de vacanciers se balladent dans les rues, envahissent les commerces traditionnels, des charcuteries avec du jambon maison, des patisseries aux devantures bouleversantes...



Laisse sur la gauche la trace du GR, qui file vers l'Est, emprunte un pont de pierre au charme discret et les Pyrénées centrales. La suite, ce sera pour l'an prochain.

Le blues monte, juste le temps de changer de fringues et se défaire de l'humidité de la journée. Retour en stop et en sandales jusqu'à Lourdes, pile poil pour récupérer le dernier train en partance pour Bordeaux.









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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 14:00

Selon Robin DUNBAR, la fonction fondatrice du langage, chez l'homme, peut se comparer à celle de l'épouillage chez le singe : un bavardage dont l'effet est d'entretenir des liens d'empathie.


Lu dans "la Darwinisation de l'esprit humain", un article de Nicolas JOURNET  - Numéro Hors Série 200 - Sciences Humaines - Janvier 2009



A part ça ? Le titre du morceau ci-dessus, choisi pour sonoriser l'ambiance, m'a amené à rechercher le terme Synchronicité dans Wikipedia.

...Où il est établi que mes intuitions personnelles et intérieures sont définitivement battues en brêche, déjà imaginées, conceptualisées et énoncées par d'autres, et notamment par le père JUNG :

"La complexité de la psychologie analytique tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement."

Voilà, c'est mon moment de culture hebdomadaire, que je dédicace à Mère Castor, experte en tag et en tricot, entre autres talents...

Et pour illustrer ce phénomène, j'ai retrouvé un article qui date du mois de juin dernier...
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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 23:59

Fabuleux débat sur une chaine de TV publique, ce soir (ou jamais), pris à l'arrache, par surprise. Comprendre le monde dans lequel je vis. Mais bon sang, c'est tellement éclairant, limpide, empreint de clairvoyance et d'intelligence collective. L'analyse d'un monde contemporain, avec Pierre ROSANVALLON, Michel ONFRAY, Bernard STIEGLER, Chantal DELSOL et ... en Bonus Extra Ball "Same player shoots again"... Paul AUSTER. Rien que ça.

Un enchainement de discussions en cascades qui se renvoient en effet miroir, toutes les facettes d'un univers en mutation, l'analyse lucide, précise et contrastée des espoirs et des difficultés qui se dessinent avec l'arrivée d'OBAMA. Une mutation profonde et sismique, dont on a peine à mesurer l'impact. Une vision décortiquée de "la crise", remise en perspective historique, depuis le début du XXème siècle.

Ce soir, en suivant le débat, des pensées ont traversé l'atmosphère alentours, des visages m'ont zébré les neurones, dans un voyage immobile. Etrange de faire se cotoyer dans un même élan instantané, la grande histoire en marche de part et d'autre de l'Atlantique, avec l'anecdotique et émotive actualité de la famille, des proches, de visages qui comptent, qui me font frémir  de crainte, d'inquiétude, d'affection...

Ce soir, j'ai dans le corps et les tripes un magma incandescent, un océan d'émotions contradictoires et échevelées.

Ce soir, je me sens vivre à travers d'autres.

J'aime à me souvenir de ces forts mots de Blaise : Je suis l'Autre, trop sensible.

Et en même temps, me réjouir de ce bouillonnant sentiment de
vie


Découvrez Hans Zimmer!



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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 10:21

"Vous avez jusqu'au  janvier pour arrêter d'envoyer vos filles à l'école. Si vous passez outre à cet avertissement, nous tuerons ces filles. Nous avertissons également les écoles qu'elles doivent accueillir aucune fille, sinon nous ferons exploser leurs batiments."

Lu dans le Canard enchainé du 31 décembre dernier. Déclaration d'un chef de rebelles talibans pakistanais.

 

La semaine précédente, débat d'experts à la TV, expliquant qu' on avait tendance à un peu trop diaboliser les talibans et qu'ils étaient tout de même plus respectables que les chefs de guerre afghans qui les combattaient (notamment Massoud...). Ce qui explique le chaos actuel...

Ah bon ? Vivement le retour au pouvoir des talibans, alors !  Et que les femmes retournent à leurs fourneaux, leurs landaux et leurs tricots  ! ? !

Sacrés experts...

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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 04:58


A la sollicitation complice et attentionnée de Mère Castor, une première contribution au jeu du tag "Inculture" - section Musique et Cuivres.

Avant cet instant,  je ne savais pas...

Je ne savais pas que c'est la chanson des BEATLES  "
Lucy In the Sky" qui avait inspiré à Yves COPPENS et ses collègues le prénom de leur découverte paléoanthropologique, en 1974, en Ethiopie.

Je ne savais pas que le chanteur sétois, Le Georges, avait reçu le prix Vincent Scotto décerné par la SACEM pour la chanson "Trompettes de la Renommée" élue meilleure chanson de l'année 1963 (et c'est une année fondatrice à mes yeux, n'est ce pas,
Mam... ?)

Je ne savais pas que Lou REED a intitulé sa chanson culte "Walk on the Wild Side" en référence à un bouquin de Nelson ALGREN (n'est ce pas,
Constance ?)

 

C'est vous dire l'état de mon inculture musicale, et je ne vous parlerai pas de mon absence de pratique solfégique  : le week end dernier, ma grande soeur  a vainement tenté de m'expliquer les nuances dans la composition de Bach et de Vivaldi, une histoire de doubles croches et de syncopes... (une histoire à vous donner le tournis, n'est ce pas, Sabine ?)

Et merci qui ?
Merci, le subtil dérangement gastrique qui m'a causé cette belle insomnie matutinale.
Merci, mon fidèle et vieux radio réveil, calé depuis 3 décennies sur France Inter, allumé à 4 h du mat'
Merci, l'émission géniale et par trop confidentielle de
Laurent LAVIGE  "Sur la Route"....

Avant cela, j'étais inculte, vraiment. Et puis là, d'un seul coup, les gargouillis dans mon ventrou semblent apaisés, comme l'enfant dans les bras de sa mère, par cet afflux soudain de culture musicale...

Ainsi, à pas comptés, sans hâte ni impatience, mon inculture se dissout dans des instants innatendus, des imprévus impromptus. Je l'aime bien, mon inculture, elle me rend curieux, captivé, et rarement déçu.



Découvrez The Police!




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7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 14:30


Vous voulez savoir pourquoi j'ai choisi Kashmir pour donner une ambiance sonore à mon post d'hier, sur la rando du tronçon Gabas - Gourette de cet été ?

Je vous laisse les clés de cette énigmatique référence musicale, ci-après. Je n'ai pas coutume d'"expliciter" mes sources d'inspiration, je préfère causer, à demi mot, insérer des clins d'oeil allusifs, établir des connexions intérieures, dans une écriture automatique, vaguement teintée de surréalisme. Alors, Bonne chance...

Oh, let the sun beat down upon my face, stars to fill my dream.
I am a traveler of both time and space, to be where I have been.
To sit with Elders of the gentle race, this world has seldom seen.
They talk of days for which they sit and wait, and all will be revealed...

Talk and song from tongues of lilting grace, whose sounds caress my ear.
But not a word I heard could I relate, the story was quite clear.

Oh, I've been flying... mama, there ain't no denyin'...
I've been flying, ain't no denyin', no denyin'...

All I see turns to brown, as the sun burns the ground.
And my eyes fill with sand, as I scan this wasted land,
Trying to find, trying to find where I've been...

Oh, Pilot of the storm who leaves no trace, like thoughts inside a dream,
Heed the path that led me to that place, yellow desert stream.
My Shangri-La beneath the summer moon, I will return again,
Sure as the dust that floats high in June, when movin' through Kashmir...

Oh, Father of the Four Winds, fill my sails, across the Sea of years,
With no provision but an open face, along the Straits of fear.

When I'm on, when I'm on my way...
When I see, when I see the way, you stay.

Ooh, yeah-yeah, ooh, yeah-yeah, when I'm down...
Ooh, my baby, oooh, my baby, let me take you there
!
Let me take you there !

"Le texte parle du long chemin qui mène de Goulimine à Tantan, dans le sud marocain, dans le Sahara espagnol. Cette route est sans fin, extrèmement sinueuse et très dangereuse."

"J'étais sur une piste cahotique et il n'y avait personne à des kilomètres à la ronde, juste un gars sur un chameau. Toute l'inspiration pour cette chanson m'est venue du fait que la route était interminable, interminable. C'était une route à une seule voie qui coupait proprement à travers le désert... c'était comme traverser un détroit." - Robert Plant

Plant visita le sud marocain en août 73, il en sortit ce magnifique texte. Une précision : le Kashmir (Cachemire en français) ne situe bien évidemment pas au Sahara mais entre l'Inde et le Pakistan et il n'y a aucun désert dans cette région riche et fertile... Sans doute le mot sonnait-il bien à l'oreille de Percy.

Certains y voient quelques allusions au "Seigneur des Anneaux" de J.R.R. Tolkien, "the gentle race" étant les Elfes, dont les chants sont superbes ("whose sounds caress my ear") mais incompréhensibles ("but not a word I heard could I relate") par Frodon, le héros. Pour ma part je ne pense pas, il ne faut pas systématiquement comparer les textes de Plant à la trilogie de Tolkien... Je crois que la "noble race" dont il parle ici fait plutôt allusion aux peuplades du désert, touaregs et autres nomades, plus en rapport d'ailleurs avec le thème général. C'est même certain...

A propos du premier vers ("let the sun beat down upon my face, stars to fill my dream"), il y a contraste entre le jour et la nuit dans le désert...

"Heed the path..." est à traduire comme "Fais attention au chemin" mais dans le sens "N'efface pas,

préserve le chemin".


Merci par avance à PY, un jeune et inspiré fan de Led Zeppelin, sur le site duquel j'ai copié, in extenso, un extrait de son site remarquable et fort documenté, sur ce groupe, contributeur essentiel du hard rock, émergeant dans les années 70. Envie d'en savoir plus ? Allez lui rendre
visite




Découvrez Sting!


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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 23:30
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6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 00:30

Découvrez Jimmy Page!



Edit : je place ici le lecteur de cette ballade sonore, de manière plus adéquate à mes oreilles, si ce n'est à mes yeux : c'est une version longue, que je recommande de lancer dès avant la lecture. L'histoire de ce morceau - que j'ai trouvé récemment, j'y reviendra tantôt - m'a frappé par l'intuition que j'avais à son écoute : un rythme progressif, lourd et lent, parfaitement incarné dans mon aventureuse randonnée...


La douleur dans l'oeil droit ne s'est pas tellement éteinte dans la nuit. Et dès 06 h, réveil dans la pénombre. Le temps d'un petit dèj "en autonomie" (au refuge, ils m'ont préparé le nécessaire) et je décolle à 07 h, vu qu'il y a bien 8 h de marche minimum. A peine le temps de remarquer le barrage de la centrale électrique en surplomb. Ensuite, le GR prend l'azimuth plein Nord.



Un chemin interminable dans la forêt, et je vois le soleil se lever sur la crête de Cézy, l'atmosphère se réchauffe un peu... Les muscles commencent à se réchauffer, après 200 m de dénivelé positif, ça redescend.


Je crapahute finalement sans peine dans les bois de feuillus et de pins mélangés de Lacoussole, l'antichambre de l'angoisse, un répit...


Au bout d'une heure de marche, déjà, l'alternative se présente, et pas un instant d'hésitation. Tous ceux que j'ai croisés m'ont parlé de la Corniche avec un frisson de plaisir vertigineux dans la voix, dans la voie, non ?

Cette fois-ci, il n'y aura pas de brouillard, ni de pluie, temps net, dégagé, pour le meilleur... et pour le reste.


La voici, enfin, la fameuse corniche,  sentier étroit, un ruisseau ou un torrent qui gronde et fulmine en contrebas.


La main courante, je ne la lacherai pratiquement pas, même si le sol est sec et sans anicroche. Mais c'est peu dire que je suis sujet au moindre état, au moindre semblant de vertige, de surplomb. Une petite angoisse physique et irraisonnée...

Après 20 minutes de déambulation précautionneuse, le sentier s'élargit enfin.


1ère pause sucrée, vers 8h30, juste en face de la prise d'eau du Soussouéou, encore au frais, puis le GR reprend son cours, au gré des obstacles, usés par le temps ou quelque intempérie un peu appuyée.


Avant d'attaquer la falaise de Tume,  un peu "coup de cul" pour monter al Houn de Mouscabarous. Ensuite une belle grimpette sous les frondaisons, cernées par des buis bien dodus.


En haut, après cette petite suée décrassante, 300 m de montée, le sentier s'ouvre sur l'atmosphère, pur oxygène, la végétation s'illumine, une sorte de d'anémone ou de plante aux feuilles épaisses et charnues, un soleil en miniature. Une autre pause, il est 10 h 30 et les mollets sont juste à point.




Et plein Ouest, le ciel s'offre au regard, étale. Toujours en fond sonore, le parcours du Sousouéou virevolant dans la combe obscure. Le vent s'est levé et malgré le sentier confortable, un léger dévers m'incommode. Je suis une courbe de niveau, interminable, à pas comptés...


Ravitaillement en eau à plusieurs reprises vers des sources dégoulinant de la montagne. Passage stressant, malgré la beauté du paysage, le vallon du Sousouéou tout en bas, et en face, des reflets irisés du petit train d'Artouste troublent à peine la sérénité des lieux.


Au niveau du Cujalat de Hourtanet, rocaille et montées en lacets. Du minéral, envahissant l'espace et le temps. Me sens comme qui dirait perdu dans un désert. Ce pourrait être les contreforts de l'Atlas. J'accroche mes pas, dans un mouvement de pur réflexe mécanique, bio-ionique, automate organique dans la sècheresse solaire. Et ce foutu ruisseau qui me nargue en glougoutant...


Enfin, un premier point de repère temporel, l'ancienne mine de fer, royaume d'Héphaïstos, grandiose cirque, trouée dans la paroi hercynienne. Pas pour rien si Hercule se balladait dans le coin. Pourtant, pas un seul écho d'un marteau de titan cognant à qui mieux mieux le métal en fusion. C'est juste mon corps, en fusion. Haletant. Pump, pump, pump. Bruit sourd et caverneux, interne. Quel con ! C'est juste le muscle cardiaque qui fait résonner la sage thoracique, rebondit sur les tempes, qui suintent de cette lymphe salée, granuleuse, vaporeuse. J'ai le cerveau qui fume. Et pas question de le refroidir dans ce laquet avenant. Sinon... sinon, j'aurai pas le courage de reprendre la route.


Derrière moi, les crêtes cernent le panorama, au fond, silhouette hiératique du Jean-Pierre, sûr de son faîte, dominateur, régnant sans partage sur son domaine granitique, avec sa couronne de nuages, comme un diadème sybillin.Pas le temps de trainasser, il y a encore cette rampe. Maudite rampe, juste monstrueuse, à peine monstrueuse. Awesome, comme dirait l'autre. Final tonitruant, les genous morflent, appuis incertains, de la rocaille aiguisée, sertie de quelques névés survivants, ça craque sous la semelle. J'en peux plus, j'en crèvrerai, mais je l'aurai, cette chienne de rampe. Ce raidillon sadique, je me le cogne, jusqu'à épuisement. Le sac est devenu tout d'un coup comme une croix à porter. "Dance on a vulcano", c'est ça que j'ai en tête, les orteils comme si je marchais dans un torrent de lave en fusion. Juste fondus, désintégrés.


Je matte encore derrière, l'Ossau est toujours là, imperturbable. Suis sûr qu'il me suit du regard, narquois, ou simplement amusé. "Quel misérable vermisseau qui se tortille désespérément pour atteindre la Hourquette".

Et pourtant, la vue est formidable, les pulsations dans ma tête me donnent le tournis, et puis, je ris comme un dingo. Trop fort, il y a cette fleurette irréductible et lumineuse qui m'éblouit la vue...


Et puis, et puis encore, quelques mètres plus haut, je n'y crois plus, ce satané tabernacle d'ostie de... de panonceau divinement éclairé, me saute au visage, me tourne autour, me fait la fête, me laisse découvrir l'envers du décor, le versant Nord, la cabane et le pic d'Anglars.


Comme pour ne pas être en reste, un liseron azuré se dresse dans les herbes folles, m'invite à la fantaisie. Il est temps d'avoir faim, mon gars ! Temps d'avoir soif, temps de sortir le casse-croûte du sac, temps de laisser le vent secouer la carcasse du grimpeur épuisé, tant de savourer ta victoire, temps de te rassasier, et de vivre au grand air !






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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 00:01
 "Je dois vous l'avouer... A 12 ans, j'ai enculé un canard" (*)

Qui a donc déclenché le rire à gorge déployée d'une assemblée nombreuse par cette affirmation provocatrice ?

...Un acteur très connu, plus connu, qu'Humphrey BOGART à ses débuts. Qui a joué dans son premier film aux côtés d' Olivia De Havilland.

Alors toujours pas une petite idée ?

Découvert sur un premier film "Sur les traces du Bounty", incarnant Christian FLETCHER, le chef des mutins...

Et là ?

Originaire de Tasmanie, piètre acteur pour son premier film, aventurier des Mers du Sud (parti avec quelques amis en Nouvelle Guinée), à la limite de la légalité, comerçant /trafiquant de coprah, de perles, de diamants, voire d'esclaves... Sa vie privée défrayera la chronique et lui vaudra une réputation d'homme à femmes.

Rien de mieux ?

"Je ne veux pas, le jour de ma mort, découvrir que je n'ai pas vécu".

Bon, alors de nouveaux indices cinématographiques...

Il a joué aussi dans L'Aigle des Mers, La Charge de la brigade légère, Captain Blood...

Et là, c'est pas de la bombe de culture ciné tout ça. Et grace à qui ? Merci Arte ! Cette fabuleuse chaine, ma chaine préférée, a passé en effet par deux fois cette semaine le documentaire "Errol FLYNN, Le diable de Tasmanie" et je n'ai pas résisté.

Elle me fait découvrir un acteur grandiose et vif, aventurier absolu, plein de traits clairs et d'obscurs détours, sombre et décadent.


(*) Bon d'accord, vous allez trouver que je démarre l'année 2009 de manière désinvolte et déplacée. Mais c'est un petit clin d'oeil à ma soeurette préférée qui doit se morfondre sous 15 m de neige en buvant du vin de glace et en machonnant des sucettes au sirop d'Erable du côté de Saint Lambert. Une spéciale dédicace pour Elle et son chum. Car je sais qu'ils sauront discerner, au delà des apparences, l'élan de culture qui m'étreint présentement...

Bonne Année à Vous ! 







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31 décembre 2008 3 31 /12 /décembre /2008 15:00
Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l'assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l'aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l'immolée, toi que j'attends.
Parfois d'étranges fissures naissent à l'instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparraissent et se fanent et renaissent comme des feux d'artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l'âme palpable de l'étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d'il y a 2000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t'obstines à s'y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m'appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n'approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu'à la réalité.
Toi qu'en dépit d'une rhétorique facile où le flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines en ruine, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb.
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoue mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisse ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d'êtres.
Dans la nuit, il y a les merveilles du monde.
Dans la nuit, il n'y a pas d'anges gardiens, mais il y a le sommeil.
Dans la nuit, il y a toi.
Dans le jour aussi.

Robert DESNOS




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